Sur les 173 000 contrats rompus dans le secteur privé en 2022, 71 % étaient attribuables à des abandons de poste, dépassant d’autres motifs disciplinaires. L’abandon de poste constitue un défi crucial pour les entreprises nécessitant une attention particulière à la gestion des ressources humaines. Ce phénomène, caractérisé par des départs de salariés sans préavis ni justification, peut avoir des impacts importants tant sur les entreprises que sur leurs équipes.
Qu’est-ce exactement que l’abandon de poste ? Quelles sont les procédures à suivre en cas d’abandon de poste ? Et quels conseils pratiques peuvent être donnés aux employeurs pour gérer cette situation ? Ces interrogations seront explorées en détail dans la suite de notre article.
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Définition de l’abandon de poste
L’abandon de poste est caractérisé par l’absence non justifiée ou répétée d’un salarié quittant son travail sans autorisation et sans donner des nouvelles à son employeur pendant une période prolongée. Cette situation peut entraîner des conséquences juridiques et financières pour le salarié, ainsi que des démarches disciplinaires et de licenciement pour l’employeur.
Cependant, il est important de noter que le simple fait pour un salarié de quitter soudainement son poste sans justification ou sans l’accord de l’employeur ne suffit pas pour caractériser un abandon de poste. En effet, dans le cas d’un arrêt maladie, le salarié a un délai de 48 heures pour informer son employeur. Par conséquent, l’employeur doit attendre au moins deux jours pour vérifier si le salarié n’est pas en arrêt maladie avant de considérer la situation comme un abandon de poste.
Tout salarié en CDI ou en CDD dans le secteur privé ou publique, peuvent être concernés par l’abandon de poste.
Procédure à suivre en cas d’abandon de poste : ce que l’employeur doit savoir
Lettre de mise en demeure
La lettre de mise en demeure est un document juridique par lequel l’employeur demande au salarié de justifier son absence et de reprendre son poste dans un délai de 48 heures et elle peut être envoyé une ou plusieurs fois. C’est une manière formelle qui donne au salarié l’opportunité de s’expliquer au plus vite sur sa situation. Cette lettre est une manière de constater le défaut de l’employé à remplir son obligation de se présenter au travail, et elle est un préalable obligatoire aux poursuites judiciaires. Elle peut être envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception, par courrier électronique ou remise en main propre. La mention “mise en demeure” doit figurer dès l’en-tête de la lettre pour en garantir la validité juridique.
Si le salarié ne répond pas à cette mise en demeure, l’employeur peut alors envisager des mesures disciplinaires, voire un licenciement pour faute grave. Dans sa mise en demeure, il est recommandé à l’employeur de préciser que si le salarié ne reprend pas son poste à la date fixée, il est redevable d’un préavis.
Cette étape est cruciale car elle permet d’informer le salarié des conséquences de son absence et de lui donner une dernière chance de se justifier avant d’envisager des mesures disciplinaires plus sévères ou un licenciement pour faute grave.
Sanctions possibles
Lorsqu’un salarié ne répond toujours pas à la mise en demeure, l’employeur a le droit de prendre des mesures disciplinaires qui peuvent aller jusqu’au licenciement. En général, si l’abandon de poste dure moins de 4 jours, l’employeur peut ne pas prendre de sanctions disciplinaires ou adresser un avertissement ou un blâme. Si l’absence injustifiée dure plus de 4 jours, l’employeur peut envisager des sanctions plus sévères, telles qu’un avertissement formel ou un licenciement pour faute grave.
La décision de sanctionner le salarié relève du libre choix de l’employeur et dépend de divers facteurs tels que l’ancienneté du salarié, ses antécédents disciplinaires et les conséquences de son absence sur l’activité de l’entreprise.
Il est important de souligner que si l’abandon de poste de salarié cause une perturbation de l’organisation de travail de l’entreprise l’employeur a la possibilité de procéder à un licenciement pour faute.
Présomption de démission
La présomption de démission en cas d’abandon de poste volontaire du salarié est prévue par l’article L. 1237-1-1 du code du travail. Selon cet article, « si le salarié abandonne volontairement son poste et ne reprend pas le travail après avoir été mis en demeure, il est présumé avoir démissionné ».
A noter : le salarié a la possibilité de contester la présomption de démission en engageant une procédure devant le conseil de Prud’hommes, et sa demande doit être examinée dans un délai d’un mois.
L’abandon de poste, autrefois une pratique courante pour rompre un contrat tout en bénéficiant des indemnités chômage, a subi une évolution législative majeure en avril 2022. Désormais, la présomption de démission s’applique si le salarié ne reprend pas le travail après mise en demeure de l’employeur. Bien que cette réforme vise à économiser, des incertitudes persistent quant à la possibilité pour l’employeur de licencier en cas d’abandon de poste. Cette nouvelle réglementation restreint l’accès aux indemnités chômage, incitant les employeurs à envisager d’autres options. Les salariés sont conseillés de consulter un professionnel du droit pour choisir la meilleure voie.
Conséquences de l’abandon de poste
Comment l’abandon de poste affecte-t-il l’entreprise ?
Lorsqu’un collaborateur abandonne son poste, cela a plusieurs implications pour l’entreprise, notamment une perturbation des opérations quotidiennes d’entreprise et cela peut entraîner des retards, une répartition inégale du travail et une pression accrue sur les autres membres de l’équipe.
Quelles sont les conséquences pour l’employé qui abandonne son poste ?
Pour le salarié, les conséquences de l’abandon de poste sont également significatives, tout d’abord ça sera difficile pour lui de chercher un autre emploi car les employeurs peuvent être réticents à embaucher quelqu’un qui a déjà quitté un poste de cette manière. Cela affecte sa réputation professionnelle.
L’abandon de poste a aussi un impact sur le chômage, Lorsque l’employeur engage la procédure de présomption de démission en cas d’abandon de poste, le salarié se voit privé de ses allocations de retour à l’emploi, conformément aux dispositions d’un décret d’application de la loi sur le marché du travail publié le 18 avril 2023. En tant que démissionnaire présumé, il perd ses droits au chômage, sauf s’il parvient à démontrer devant les tribunaux qu’il n’a pas démissionné.
Conseils pratiques pour éviter l’abandon de poste
Redéfinir votre approche en matière de gestion des ressources humaines
Il est impératif, pour assurer la croissance et la rétention de vos talents, de bien définir et poursuivre une stratégie RH parfaitement adaptée aux attentes de vos collaborateurs. Une stratégie qui n’est pas en phase avec leurs aspirations peut même engendrer de la frustration et de l’insatisfaction, ce qui conduisent pas mal de fois à leur départ.
Entamez une communication ouverte avec votre personnel
Souvent, le départ d’un employé est la suite d’un malaise ou d’une volonté de changement. Eh bien, entretenez des dialogues réguliers avec vos employés, par exemple d’entretiens individuels ou des questionnaires anonymes. En fait, l’objectif est de détecter les signaux en avance à l’intérieur de vos équipes et ainsi éviter les départs inopportuns.
Soignez leur bien-être avec attention
Le bonheur sur le lieu de travail est indispensable pour la nouvelle génération. Pour cette raison, élaborez une philosophie d’entreprise en matière de bien-être. Fournissez des avantages de bien-être et une valeur ajoutée aux employés. Le fait de favoriser le bien-être au travail peut conduire à une augmentation de la productivité des employés, à une réduction de l’absentéisme, à une plus grande fidélisation des salariés, et à un renforcement de la compétitivité de l’entreprise.
De plus, cela peut aider à attirer et recruter des talents, car de plus en plus de candidats accordent de l’importance au bien-être au travail lorsqu’ils choisissent leur employeur. Enfin, promouvoir le bien-être des employés peut contribuer à créer une culture d’entreprise forte et à établir un lien de confiance avec ces derniers.
Améliorez la qualité de vie au travail (QVT)
La qualité de vie et les conditions de travail sont aujourd’hui un élément fondamental en entreprise. Créez un environnement de travail qui maximise la satisfaction de vos employés en interne, en se montrant professionnel et accueillant.
Par exemple vous pouvez compenser ou payer les heures supplémentaires effectuées par les employés ; veiller à ce que les employés travaillent dans un environnement sûr et sécurisé ; célébrer les réalisations de l’équipe et améliorer l’environnement physique de travail, en portant attention à des éléments tels que l’éclairage, la température, la disposition des postes de travail, ou encore la propreté.
Donnez des responsabilités à vos salariés
Abandonner le poste parfois renvoie à un manque de reconnaissance ou de perspectives d’évolution. Pensez à responsabiliser vos salariés et à les impliquer davantage dans la vie de l’entreprise. Il est crucial qu’ils se sentent valorisés et investis dans leur mission.
Anticipez et prévoyez
L’abandon de poste n’est généralement pas soudain. Il existe souvent des signaux par avant, des événements qui mèneront l’employé à choisir cette option. Restez vigilant et essayez d’anticiper au mieux pour éviter le pire et empêchez tout départ inattendu.
Rendez vos collaborateurs fidèles
Il n’existe rien de plus efficace pour prévenir l’abandon de poste que d’attacher votre personnel aux valeurs de l’entreprise. Il est donc important de cultiver votre marque employeur. Cela permet de renforcer la loyauté.
En tant qu’employeur, c’est votre rôle de trouver des solutions efficaces pour gérer l’abandon de poste et de mettre en place des stratégies pour l’éviter. En suivant ces conseils, les employeurs peuvent contribuer efficacement à réduire le risque d’abandon de poste et à maintenir un environnement de travail plus sain et plus productif.
Comment avoir un SIRH comme PeopleSpheres peut aider à éviter l’abandon de poste ?
L’utilisation des SIRH, tels que PeopleSpheres, peut considérablement réduire le taux d’abandon de poste. Avec toutes les données des employés rassemblées sur une seule plateforme, un SIRH permet une détection rapide des signes d’insatisfaction ou de désengagement vu qu’il peut inclure des outils permettant de surveiller le bien-être des employés et la qualité de vie au travail, tels que des enquêtes de satisfaction, des évaluations de la charge de travail, et des indicateurs de stress.
En plus les fonctionnalités de communication d’un SIRH simplifient la transmission d’informations cruciales aux employés, favorisant des canaux de communication transparents. Cette transparence réduit les risques de malentendus et contribue à instaurer un environnement de travail où les employés se sentent écoutés et soutenus .
Conclusion
Une gestion efficace de l’abandon de poste nécessite une bonne stratégie de la gestion des ressources humaines ainsi qu’une une compréhension approfondie des procédures légales et des conséquences potentielles.
Les entreprises qui adoptent des politiques claires, une communication ouverte, une meilleure qualité de vie au travail sont mieux préparées à faire face à ces situations délicates.